Avoir un rire à caler les roues d'un corbillard
Merci à Benn pour cette proposition.
Que voilà une expression étonnante qu'il n'est sans doute pas besoin d'expliquer -encore que !- mais qui résume joliment toute la créativité de la métaphore populaire. Mettre en opposition deux thèmes antagonistes : le rire et la mort (corbillard). Rire est quasi tabou en présence d'un corbillard. Faire du rire impalpable un objet propre au demeurant à caler, bloquer, arrêter des roues nous envoie sur le chemin du surréalisme avec ce zeste de provocation qui peaufine l'ensemble. Ca tourne rond même si en l'occurrence ça tourne carré. Pour le sens, c'est à rapprocher de l'expression "Avoir une tête à caler les roues d'une charrette" (anonyme) qu'on peut traduire par "avoir une grosse tête". Et on entre dans le cycle infernal de l'alternance sens propre, sens métaphorique ou figuré :
Concrètement, on peut avoir une grosse tête, dite parfois "hydrocéphale" : Maman, c'est vrai que j'ai une grosse tête ? dit Toto à sa mère. Mais non mon chéri, tiens, prends plutôt ton béret et va me chercher cinq kilos de pommes de terre.
Métaphoriquement, avoir la grosse tête c'est "avoir le melon", "avoir les chevilles enflées","ne plus se sentir pisser", bref penser qu'on est le meilleur...
Tout ça pour dire que par contiguïté, on a tôt fait de partir sur des sentiers parallèles. On passe ainsi du coq à l'âne. Jouissif non ?